« Quelle drôle d’idée… », marmonne-t-il avec un maigre sourire, secouant doucement la tête. Vouloir autre chose ? Mais pourquoi faire ? Et comment diable Anhesis ne pouvait pas lui suffire alors qu’il sait pertinemment qu’avec elle, au moins, on ne risque pas de s’ennuyer… Touché par les mots de la jeune femme, alors que ni elle, ni lui, n’ont eu la chance d’avoir un parent qui ait pu constater l’avancée de leur vie et leur dire à quel point il était fier de son enfant, Eryndal sent ses lèvres qui se pincent doucement, dans cette petite grimace gênée qu’il peut arborer s’il sent l’émotion poindre dans ses cœurs.
« Moi aussi, je suis fier de toi, tu sais. Je sais, on dirait pas, à première vue… Tu as fait tant de progrès, dans tout. » Des compliments de sa part sont aussi rares qu’une mine sympathique sur sest traits, à vrai dire. Caressant doucement ses cheveux puis, du bout des doigts, dessinant les courbes de son visage, la Main noire s’immobilise en observant l’expression ambiguë d’Anhesis. Il ne saurait dire si cela la réjouit ou l’enrage…
Mais finalement, un sourire fend ses lèvres, conscient de la menace mais déterminé à ne plus jamais, ô grand jamais, la faire tomber dans le vide d’une quelconque manière.
« Oui madame, c’est très clair. », réplique-t-il avec un petit rire.
« Plus jamais j’essaierai de faire un truc pareil. C’est promis, on ira vraiment voir les étoiles, et tout ce que t’auras envie envie de voir d’autre dans cette galaxie. » Parole de cornu boudeur. Il est temps, de toute manière, qu’Anhesis aussi puisse voir autre chose que Maloran, et découvre des paysages qu’elle n’a sans doutes jamais imaginés. Si le zabrak a le sommeil difficile et troublé, il est parfaitement conscient que celui de la jeune femme est pire encore, et lui donner de quoi rêver un peu ne lui ferait sans doutes pas de mal… La vision de Daleth concernait certes les citoyens, mais le Seigneur noir avait aussi une manière de percevoir le reste du monde, et la nature notamment, bercée dans la Force vivante, qu’un exécuteur se devait probablement de comprendre, le jour où les Sith auraient à s’installer ailleurs.
Plissant légèrement les yeux alors que son aimée à l’air interloqué, Eryndal se demande soudainement s’il n’en a pas trop dit, s’il est allé trop loin d’une quelconque façon. Les yeux écarquillés alors qu’elle lâche un sanglot, le zabrak se retrouve presque désemparé. Il n’a jamais imaginé que ce genre d’aveu, qui avait enfin lieu, provoquerait une telle réaction. Est-ce que toutes les femmes se mettent à pleurer quand on leur dit qu’on les aime ou était-il juste vraiment mauvais à ce point là pour les relations sociales ? La respiration coupée, les muscles figés, c’est un soupir soulagé qui le détend aux mots d’Anhesis. Secouant doucement la tête, séchant les larmes de la jeune femme du bout des doigts, il ne peut s’empêcher de souffler :
« Tu m’as fait peur, sérieux. J’ai cru un instant que j’aurais pas dû le dire. » Levant les yeux au ciel en la serrant dans ses bras, le zabrak sourit cependant. Un sourire tendre, alors que le porg vient se nicher entre les deux Sith.
Alors que le zabrak dépose un baiser sur le front d’Anhesis, voilà que la porte s’ouvre en grinçant sur l’infirmière du matin, qui doit certainement prendre note des constantes de la Main noire. La jeune femme se fige, son regard se pose d’abord sur la table de chevet où sont posées les victuailles savoureuses, puis sur le pauvre petit Pel qui l’a accueillie avec un couinement curieux. Bouche bée pendant quelques secondes, avant de froncer les sourcils, l’infirmière finit par rassembler son courage à deux mains pour protester :
« La nourriture extérieure et les animaux ne sont pas admis au sein de… » Eryndal lâche un soupir teinté d’agacement.
« Je m’en fous ! Je crève la dalle et c’est pas votre glucose liquide qui me remplit l’estomac. Je suis aussi sensé appeler à chaque fois que j’ai envie d’aller aux toilettes mais pour votre information, je suis capable d’aller pisser tout seul sans me casser la figure, malgré cet emmerdement de perfusions. Donc, si vous tenez à voir disparaître toutes ces odieuses atteintes à votre foutu règlement, débrouillez-vous pour me faire sortir d’ici au plus tôt. Si le Seigneur noir a fait de moi sa Main, ce n’est certainement pas pour passer des vacances ni à l’hôpital, ni ailleurs. Faites votre boulot suffisamment bien pour me permettre de faire le mien dans les plus brefs délais. » L’infirmière ne sait trop que répondre en premier lieu, à part quelques onomatopées, mais finalement, semble déclarer forfait, relève les données et part sans demander son reste. Probablement pour aller se plaindre au médecin. Eryndal hausse un sourcil, soupire puis pose son regard sur Anhesis.
« J’espère qu’avec ça, ils auront compris que je vais leur casser les pieds tant qu’ils décideront pas de me faire sortir d’ici. » Un sourire chafouin apparaît au coin de ses lèvres.
SUJET TERMINÉ