Hôpital de Maloran
L’hôpital de Maloran semblait perpétuellement surchargé. Contrairement à la grande majorité des bâtiments du district, il n’avait pas la forme d’une aiguille se dressant aussi haut que possible, mais plutôt celle d’un bloc. Carré, efficace, compact. Un bâtiment utilitaire donc, la seule décoration étant les colonnes qui délimitaient les diverses entrées. Et c’étaient ces entrées qui donnaient constamment l’impression que le building s’apprêtait à exploser, une masse de gens jaillissant de ses entrailles comme du sang. Des files de personnes entraient et sortaient à chaque instant. Certains portant l’uniforme des soignants, mais la plupart ne venant que pour être soigné ou ausculté.
Dans les pires jours, des droïdes étaient réquisitionnés pour rétablir un semblant d’ordre et de calme en extérieur. Aujourd’hui, le flux humain semblait se réguler de lui-même, si bien que l’hôpital pouvait continuer de tourner à plein régime. Antor pouvait le constater depuis les fenêtres du troisième étage.
Le seigneur de district se déplaçait rarement jusqu’ici. Plus depuis un moment en tout cas ; ce n’était pas un endroit qu’il affectionnait particulièrement. Et il en avait rarement besoin. Même quand il s’agissait de venir collecter le bilan mensuel, dû au Lord qui gérait le district, il envoyait généralement quelqu’un d’autre le collecter, ainsi que le témoignage du directeur. Mais, une fois de temps en temps, il fallait se montrer. Il était venu seul, sans annoncer sa venue, et avait pu rencontrer le directeur immédiatement. En tant que Lord du district 3, surveiller les activités de l’hôpital faisait partie de ses plus hautes responsabilités. De la bonne tenue du bâtiment dépendait la vie et la santé de l’entièreté de la ville ou presque. Il prenait donc bien garde à ne pas se fier à ce que racontait la direction, même si jusque-là, ils n’avaient jamais rencontré de problèmes. Le bilan, selon la présentation, était toujours extrêmement positif. Mais il suffisait d’éplucher un peu les données pour retrouver les jours où le rendement avait baissé, où les malades avaient été trop nombreux, où les droïdes n’avaient pas été en mesure d’orienter les patients.
Des détails, mais qu’on ne pouvait ignorer complètement.
Sans avoir jeté un œil aux données, Antor se doutait qu’il retrouverait la même chose dans le Datapad que lui avait confié le directeur avant que leur petite réunion se termine. Une formalité, sans doute. Glissant l’objet dans une poche de son long manteau noir, Lord Anguis prit le premier escalier pour descendre jusqu’au rez-de-chaussée. Son droïde assistant et son landspeeder l’attendait non-loin de là. Mais plutôt que de se diriger vers la sortie, l’homme bifurqua brusquement dans un couloir du large hôpital.
S’il n’aimait pas l’endroit, Antor savait parfaitement s’y repérer. Et le bilan mensuel n’était pas la seule raison de sa présence ici aujourd’hui. Il aurait pu convoquer la direction, ou même faire ce meeting à distance. Mais les finances n’étaient pas la seule chose qu’il monitorait ici. Et la direction n’était pas son seul informateur.
Débarquant dans la zone réservée aux urgences, Antor offrit un sourire à la jeune humaine qui tenait l’accueil. Si une partie du personnel était automatisé, on préférait encore conserver des organiques à des postes clefs comme celui-là. Il fallait un œil humain – enfin, vivant – pour orienter les patients au mieux. Même si un droïde médical se trouvait sans aucun doute non-loin. Le voyant, elle sourit en retour et désigna un couloir, levant 3 doigts. Le Lord du district s’avança sans hésiter et entendit le clic de la porte qui se déverrouille en arrivant devant la troisième.
Lord Anguis rentra dans la petite salle d’examen comme si c’était chez lui. Immédiatement, son regard trouva le jeune homme qui était installée là, un vieux droïde médical penchée sur sa main. Celui-ci ne fit pas attention à l’intrusion, sa programmation lui intimant de regarder plutôt cette vilaine blessure.
« Lysander Vadith ? » demanda-t-il, laissant la porte se refermer derrière-lui. Restant devant, il croisa les bras dans son dos, affectant la curiosité la plus innocente.
« Qu’est-ce que vous vous êtes fait là ? »